La gestion d’une unité de méthanisation nécessite un temps de main d’œuvre pour charger les matières et assurer la maintenance et l’exploitation de l’unité.
Les exploitants de l’unité peuvent décider de dégager chacun un peu de leur temps pour cela, ou choisir d’embaucher un salarié à temps plein pour pouvoir continuer à se focaliser leur activité agricole. Dans une unité collective, la répartition des coûts permet d’embaucher facilement.
Si la trémie a une autonomie de 2 jours, permettant de ne pas avoir à charger de matière dans le digesteur le week-end, une présence quotidienne est tout de même nécessaire pour s’assurer que l’unité fonctionne bien. Dans une unité collective, un système de rotation peut être mis en place entre les agriculteurs pour assurer l’astreinte.
Le changement majeur concerne les pratiques d’épandage. La matière fertilisante issue de la méthanisation n’ayant pas les mêmes caractéristiques que les effluents purs, leur épandage est différent (technique, temporalité, dose). Le cas échéant, cette tache pourra être confiée au salarié embauché pour la méthanisation.
Dans les cas de la méthanisation d’effluents d’élevage, l’écurage pourra être plus fréquent pour pouvoir bénéficier du meilleur pouvoir méthanogène du fumier frais.
Les exploitants peuvent décider de mettre en place des cultures intermédiaires (CIVE) pour améliorer l’équilibre économique du méthaniseur, engendrant un décalage des dates de semi pour permettre 3 cultures en 2 ans.
Certains exploitants peuvent profiter de la dynamique vertueuse de la méthanisation pour se lancer dans l’agroécologie ou l’agriculture biologique.
Trois cas de figure existent :
1/ L’utilisation de l’engrais organique issu de la méthanisation de paille ou de cultures n’engage aucun enjeu sanitaire. Si des graines de mauvaises herbes peuvent se retrouver dans le méthaniseur, les conditions dans lesquelles se fait la digestion (température et durée) détruisent ou désactivent ces graines. La matière fertilisante issue de la méthanisation génère donc moins de mauvaises herbes.
2/ Dans le cas de la valorisation des boues de station d’épuration et des biodéchets contenant de la viande, la pratique est fortement encadrée par la législation et les services de l’Etat. Ils imposent le respect d’agréments sanitaires, notamment l’hygiénisation de la matière avant son entrée dans le digesteur (il s’agit de broyer et chauffer la matière à 70°C pendant 1 heure). Cette procédure couteuse en énergie réduit tout risque sanitaire sur la matière en sortie. NB : L’hygiénisation n’affecte toutefois pas la présence de métaux lourds (si présents en entrée, ils sont présents en sortie). Le processus de méthanisation dans son ensemble permet de diminuer la présence de germes pathogènes jusqu’à 99%.
3/ Dans le cas de la méthanisation d’un mélange de fumier provenant de différentes exploitations, un cheptel malade peut contaminer les cheptels des autres exploitations à travers la présence du germe dans la matière fertilisante épandue sur des prairies par exemple.
Le revenu supplémentaire généré par la méthanisation permet justement aux exploitants les plus soumis aux fluctuations des prix de leur production (lait, blé, etc.) de maintenir leur activité agricole avec un prix d’achat du biométhane garanti pendant 15 ans.
Plusieurs années sont nécessaires à la rentabilité d’un méthaniseur. L’unité de méthanisation devra donc pouvoir être alimentée en continu pendant cette période, d’où l’intérêt d’un projet de méthanisation collective qui permet de diversifier les sources d’approvisionnement sur plusieurs exploitations agricoles et donc ne pas faire reposer la viabilité de l’unité sur une seule exploitation.