Questions agricoles

Vous êtes agriculteur et vous réfléchissez à vous lancer dans une démarche de méthanisation ?
Voici quelques réponses aux questions que vous pourriez vous poser :
  • La gestion d’une unité de méthanisation prend-elle du temps ?
  • Y a-t-il des enjeux sanitaires liés à l’utilisation de l’engrais organique issu de la méthanisation ?
  • La méthanisation entraine–elle des changements de pratiques agricoles ?
  • Est-ce risqué de lancer mon exploitation agricole dans un projet de méthanisation ?

La gestion d’une unité de méthanisation prend-elle du temps ?

Pour une unité de 13 000 tonnes de matières valorisées, on estime le temps de main d’œuvre nécessaire à 1 ETP (équivalent temps plein). Il peut être pertinent d’embaucher pour cela.

 

La gestion d’une unité de méthanisation nécessite un temps de main d’œuvre pour charger les matières et assurer la maintenance et l’exploitation de l’unité.

 

Les exploitants de l’unité peuvent décider de dégager chacun un peu de leur temps pour cela, ou choisir d’embaucher un salarié à temps plein pour pouvoir continuer à se focaliser leur activité agricole.  Dans une unité collective, la répartition des coûts permet d’embaucher facilement.

 

Si la trémie a une autonomie de 2 jours, permettant de ne pas avoir à charger de matière dans le digesteur le week-end, une présence quotidienne est tout de même nécessaire pour s’assurer que l’unité fonctionne bien. Dans une unité collective, un système de rotation peut être mis en place entre les agriculteurs pour assurer l’astreinte.

La méthanisation entraine–elle des changements de pratiques agricoles ?

Fréquence de curage, pratique d’épandage, cultures intermédiaires, agriculture biologique, etc. : les changements de pratiques agricoles sont compatibles avec la mise en place de la méthanisation, ils  relèvent du choix des exploitants.

 

Le changement majeur concerne les pratiques d’épandage. La matière fertilisante issue de la méthanisation n’ayant pas les mêmes caractéristiques que les effluents purs, leur épandage est différent (technique, temporalité, dose). Le cas échéant, cette tache pourra être confiée au salarié embauché pour la méthanisation.

 

Dans les cas de la méthanisation d’effluents d’élevage, l’écurage pourra être plus fréquent pour pouvoir bénéficier du meilleur pouvoir méthanogène du fumier frais.

Les exploitants peuvent décider de mettre en place des cultures intermédiaires (CIVE) pour améliorer l’équilibre économique du méthaniseur, engendrant un décalage des dates de semi pour permettre 3 cultures en 2 ans.

 

Certains exploitants peuvent profiter de la dynamique vertueuse de la méthanisation pour se lancer dans l’agroécologie ou l’agriculture biologique.

Y a-t-il des enjeux sanitaires liés à l’utilisation de l’engrais organique issu de la méthanisation ?

Les aspects sanitaires sont encadrés par la législation et contrôlés par les services de l’Etat.

 

Trois cas de figure existent :

 

1/ L’utilisation de l’engrais organique issu de la méthanisation de paille ou de cultures n’engage aucun enjeu sanitaire. Si des graines de mauvaises herbes peuvent se retrouver dans le méthaniseur, les conditions dans lesquelles se fait la digestion (température et durée) détruisent ou désactivent ces graines. La matière fertilisante issue de la méthanisation génère donc moins de mauvaises herbes.

 

2/ Dans le cas de la valorisation des boues de station d’épuration et des biodéchets contenant de la viande, la pratique est fortement encadrée par la législation et les services de l’Etat. Ils imposent le respect d’agréments sanitaires, notamment l’hygiénisation de la matière avant son entrée dans le digesteur (il s’agit de broyer et chauffer la matière à 70°C pendant 1 heure). Cette procédure couteuse en énergie réduit tout risque sanitaire sur la matière en sortie. NB : L’hygiénisation n’affecte toutefois pas la présence de métaux lourds (si présents en entrée, ils sont présents en sortie). Le processus de méthanisation dans son ensemble permet de diminuer la présence de germes pathogènes jusqu’à 99%.

 

3/ Dans le cas de la méthanisation d’un mélange de fumier provenant de différentes exploitations, un cheptel malade peut contaminer les cheptels des autres exploitations à travers la présence du germe dans la matière fertilisante épandue sur des prairies par exemple.

Est-ce risqué de lancer mon exploitation agricole dans un projet de méthanisation ?

Au contraire, la méthanisation permet de conforter les revenus des exploitations agricoles et augmenter leur pérénnité.

 

Le revenu supplémentaire généré par la méthanisation permet justement aux exploitants les plus soumis aux fluctuations des prix de leur production (lait, blé, etc.) de maintenir leur activité agricole avec un prix d’achat du biométhane garanti pendant 15 ans.

 

Plusieurs années sont nécessaires à la rentabilité d’un méthaniseur. L’unité de méthanisation devra donc pouvoir être alimentée en continu pendant cette période, d’où l’intérêt d’un projet de méthanisation collective qui permet de diversifier les sources d’approvisionnement sur plusieurs exploitations agricoles et donc ne pas faire reposer la viabilité de l’unité sur une seule exploitation.